Mon expérience des sculptures d’Arman devant la Gare St Lazare.
(À la même place, il y avait pendant un mois un énorme Père Noël…)

On assiste à des évolutions de même ordre dans la sculpture contemporaine. La forme destinée à la contemplation tend à céder la place à une forme destinée à la lecture. Ainsi, des œuvres plastiques empruntent leurs formes aux procédés littéraires: Chez Picasso, le guidon et la selle d'un vélo par exemple, deviennent taureau par un "calembour formel".

Chez Arman, l'exigence plastique de l'empilement des horloges et des valises devant la gare St Lazare disparaît au profit du symbole hissé sur le socle. La force de ces œuvres n'est pas due à leur valeur plastique mais à leur valeur de signification et à l'association d'idées faisant référence au lieu. Les exemples similaires abondent également dans la publicité. La "communication visuelle" oscille en permanence entre registre plastique et registre littéraire. Partout, des indices montrent que les procédés narratifs gagnent du terrain. Cette "instrumentalisation" des formes plastiques devenues des outils peut aller jusqu'à l'évacuation totale de la valeur plastique d'origine.
Lire Mallarmé ou Proust en manuscrit, en texte imprimé en Garamond ou en Arial, confère certes une variation d'appréciation plastique, mais qui n'est pas de nature substantielle pour le texte.
L'eau devenue vapeur n'est plus un liquide. Elle est autre chose. On peut deviner peut-être où je veux arriver avec ces remarques : nous sommes en train de vivre un changement devenu qualitatif suite à la réunion de plusieurs facteurs, un changement dû à la variation du temps. L'accélération du rythme de vie, l'augmentation de la masse des sollicitations qui nous sont destinées, la multiplication des images, la facilité d'accès aux informations et la diminution en conséquence du temps dont on dispose pour chacune d'elles, ont une influence inévitable sur les formes et leur contenu. La temporalité entre en jeu avec plus d'insistance, et avec elle, la narration, l'expression par le mouvement et par le rythme...
L'attitude contemplative
devant le sujet immuable, perturbée en permanence par une quantité de sollicitations hétéroclites, se voit contrainte de disparaitre au profit de groupements de sujets visuels et sonores qui ont tendance à former des séquences.
L'inflation du nombre des objets, ou l'augmentation de la visibilité des objets candidats à une appréciation en tant qu'œuvres
d'art, modifie radicalement les rapports que l'on entretient avec les œuvres d'art. La concurrence banalise, démystifie et transforme ces objets en des simples signes.
Ce processus de transformation, qui commence dès la préhistoire, a tendance à valoriser les rapports qui entretiennent les objets entre eux. Plusieurs logiques de proximité se manifestent :







Collage. Forme non “logique“ produite par proximité forcée. La soudure arbitraire, reste en évidence.
Lecture plutôt que contemplation (Arman)




Montage
. Forme articulée “logiquement“. Calembour (Picasso).
Ici le rapprochement tente à se justifier






Montage
, Arcimboldo, (Calembour…)








Assemblage
. Forme produite par juxtaposition.
Liaison par la proximité. (Daniel Spoerri)
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