De la contemplation à la lecture.
Problématique

Mon expérience de l’exposition "Paris Moscou" à Beaubourg.

Visitant il y a quelques années l'exposition "Paris-Moscou" au Centre Pompidou pour y voir des œuvres de peinture et de sculpture que je ne connaissais que par des reproductions, j'essayais tant bien que mal de me concentrer devant une sculpture de Giacometti. J'essayais de sentir son "espace mouvant" autour de l'œuvre... Il y avait beaucoup de monde. Un Picasso que je n'avais jamais vu apparaissait dans mon angle de vue... un Braque plus loin... D’autres visiteurs passaient devant moi. Il n’y avait pas de bons conditions pour la concentration. J'ai rapidement pris conscience que j'accordais de moins en moins de temps aux œuvres que je rencontrais. Dépassé par la quantité d'œuvres importantes, fatigué, je me suis surpris à accélérer le pas et à me contenter d'identifier les œuvres sans les contempler. De l'attitude de contemplation j'ai évolué progressivement et involontairement vers une attitude de lecture. A l'évidence, le temps accordé aux œuvres n'est pas indifférent à leur perception. La question que je me suis posée est donc la suivante : si on prive les œuvres d'une approche contemplative, si l'on incite le spectateur à passer rapidement d'une œuvre à une autre, reste-t-il encore quelque chose de l'essence d'une œuvre conçue pour être contemplée ? La création d'œuvres plastiques face à une attitude de lecture devenue "suffisante" a-t-elle encore un sens? Ou s'agit-il là d'un appauvrissement culturel, survenu sans que l'on s'en soit aperçu ? Car il faut bien constater qu'il y a là un changement substantiel: une œuvre "contemplée" et une œuvre "lue" ne sont plus la même chose. Le phénomène n'est pas original : il se répète depuis la préhistoire. Les peintures magiques des grottes préhistoriques, répétées maintes fois - et simplifiées a fortiori - sur des objets utilitaires, se sont vues dépouillées, épurées, stylisées, devenues symboles, souvenir lointain de leur origine, parfois pourvues mais parfois démunies de valeur plastique. Ces symboles, facilement identifiables, ont engendré l'écriture, outil formidable qui a permis à son tour l'épanouissement de la littérature écrite... La banalisation des formes a permis leur transformation en outils d'expression d'une autre nature : de la peinture, on est passé à la narration.
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